"Le cinéma, c’est nous."

par Elisabeth Boyer

La disparition de Jean-Luc Godard est un choc, un foudroiement, une peine incommensurable dans ma vie, comme dans la vie de beaucoup d’entre nous, de tant de gens simples, célèbres ou inconnus. Je suis frappée par la qualité, si rare quand un artiste disparaît, des témoignages entendus à la radio, lus dans Le Monde de ce soir. Lui-même en a d’emblée donné le tempo, chassé les bavardages inutiles, les hommages disproportionnés.
Je pensais à lui récemment, me disant qu’on n’avait pas de ses nouvelles. Nouvelles, ça a toujours voulu dire, un nouveau film, une invention absolue, ces surprises dont il nous a comblés depuis tant d’années. "Un nouveau Godard !", et tout notre amour du cinéma, de son cinéma, était dit.
Il nous faut voir et revoir, scruter l’infini, penser les infinis contenus dans ses films... Cependant, toujours il sera présent. Les vrais maîtres sont présents, accessibles à tous, et je perçois mon émotion comme une parcelle de celles anonymes de tous les spectateurs du monde entier qui partagent la douleur de sa mort terrestre.
Je ne peux que porter ces paroles de lui, précieuses, que nous pourrons reprendre, repenser et transmettre en actes par nos discussions, nos écrits encore à venir : « Le cinéma c’est nous », articulées à la vision de chaque film.
Sa voix, comme l’art de ses films, sont immortels.