Only The River Flows (Wei Shujun, 2023)

par Elisabeth Boyer

Film du jeune réalisateur chinois Wei Shujun (33 ans), je l’ai déjà revu tant il m’a troublée et touchée. La deuxième vision est probante, éclairante et re-déploie les climax du film (deux sont ceux qui montrent l’enfance dans toute sa beauté sans calcul) et atteste que des gens dans un pays restent incorruptibles même dans un État policier. C’est universel, et pas pris dans l’impossible du bien commun ni du cinéma.

Il faut accepter, dans une enquête, un film, l’irrésolution de l’énigme principale, comme le travail, l’enquête du spectateur de cinéma – que le film ne cherche pas à perdre, jusque dans sa tonalité fantastique : la folie.

L’enquête : sur son chemin le flic a tenu bon, a réussi à résoudre certaines noirceurs plus anciennes, "classées", à sauver une vie au moins, c’est considérable. L’important est de tenir la patience du chemin.

Deux adresses au spectateur : regards de deux enfants, l’un de 10 ans, qui interpelle l’assassin devant lui hors-champ, et l’autre, celui d’un bébé d’un an. J’ai rarement ressenti autant d’émotion et découvert tant de surprises simples.

Beaucoup de critiques n’ont pas aimé mais sont mal à l’aise pour balayer le film ! La Chine est pour eux dans un autre monde. Ils ne croient pas en l’universalité du cinéma, au fond.

Le film traite aussi du cinéma, de ses capacités inouïes, de l’humanité !